Naturopathie et activité physique
Le Naturopathe utilise plusieurs techniques dont 10 majeures que nous avons vu dans l’article « La Naturopathie au service du bien-être et de la santé ». Ces techniques constituent le panel d’outil de base du Naturopathe dans lequel il puise selon la problématique de la personne qu’il conseille.
Sur ces 10 techniques, 3 restent toutefois essentielles et ce quel que soit la problématique évoquée.
Ainsi la Psychologie, la nutrition et l’activité physique sont et doivent je pense être impérativement abordées en détails au cours de la consultation naturopathique.
Souvent, le Naturopathe cherche à comprendre l’origine psychologique des troubles de son consultant, il peut également déceler les mécanismes de défense, le tempérament psychologique de l’individu et son état émotionnel. II adaptera en conséquence son discours et ses conseils.
Généralement réalisé en fin de consultation, le bilan nutritionnel reste bien entendu également indispensable et est très rarement négligé.
Le point qui était le moins abordé au cours de toutes les consultations (conduites de séance assistées d’un formateur Naturopathe) auxquelles j’ai pu assister durant ma formation, était souvent celui de l’activité physique.
J’ai donc décidé d’écrire cet article pour présenter brièvement ce qu’est l’activité physique et plus particulièrement ce qu’est la culture physique, une des activités physique les plus bénéfiques pour la santé.
Ci dessous, les liens pour vous rendre directement au chapitre qui vous intéresse:
1- Activité physique et sport, quelles différences?
2- Les méfaits de la sédentarité
3- Quelles activité physique pour la santé
4- La culture physique bénéfique pour notre milieu intérieur
5- En bref
Le sport est une activité physique réalisée dans le respect de règles, souvent au sein d’un club, d’une institution, et se pratique souvent avec un objectif de performance, de compétition contre soi-même ou contre autrui.
L’activité physique représente selon l’OMS : « tout mouvement produit par les muscles squelettiques, responsable d’une augmentation de la dépense énergétique ». Pas de règles codifiées ni d’encadrement dans une institution dédiée. Il n’est nullement question de compétition. Seul, le bénéfice santé voire de simple déplacement (ex : aller à la boulangerie à pied) est recherché.
Quelques chiffres
Selon le baromètre européen du sport et de l’activité physique, en 2017 :
15 % des Européens ne marchent pas plus de 10 min d’affilées dans la semaine 12 % des Européens sont assis plus de 8.5 heures par jour 46 % des Européens et des Français ne pratiquent pas du tout de sport 35 % des Européens ne pratiquent pas d’activité physique quotidienne |
La pratique régulière de l’activité physique et du sport diminue progressivement avec l’avancée en âge. De 62 % de pratiquant régulier chez les 15-24 ans cela chute à 30 % pour les 55 ans et plus.
Je tiens à rappeler que la sédentarité se définit par le fait de « passer plus de sept heures assis ou allongé dans une journée » selon l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps) et que ce serait le cas de près de 70 % des Français.
L’OMS définit la sédentarité comme « l’état dans lequel les mouvements sont réduits au minimum et la dépense énergétique proche de celle du sommeil ».
La technocratisation et l’émergence des nouvelles technologies poussent à la diminution de la pratique d’activité physique dans la vie quotidienne.
En effet, les moyens de transports mécanisés, les écrans omniprésents et la culture vidéo-ludique accroissent la sédentarisation des modes de vie.
Weineck, en 1996, exprime le fait que l’organisme humain est conçu pour le mouvement permettant de stimuler de façon optimale les différents systèmes qui le composent.
Au contraire, l’inactivité physique entraîne une baisse des performances physiques et organiques du corps.
L’obésité est un fléau, notamment chez les jeunes ; surtout si ces derniers évoluent dans un environnement propice, tombant ainsi facilement dans un cercle vicieux de prise de poids, d’inactivité physique et de démotivation. Simon Rigaud et ses collègues ont bien exprimé cela dans le schéma ci-dessous.
Spirale du déconditionnement chez l’enfant ou l’adolescent obèse (Simon Rigaud ML et coll. 2005)
« Mens sana in corpore sano », la célèbre maxime extraite des Satires de Juvénal signifie : un esprit sain dans un corps sain. J’apprécie beaucoup cette citation que je considère comme une bonne ligne de conduite à suivre pour qui veux rester en bonne santé.
L’activité physique peut se faire n’importe où et à tout instant. Se balader à pied ou en vélo, aller faire ses courses à pied, utiliser l’escalier plutôt que l’ascenseur ou l’escalator, faire de la randonnée, aller à la piscine, à la mer ou à la rivière pour nager, jardiner, faire le ménage, faire son footing matinal, faire des mouvements de renforcement musculaire (abdos, pompes etc) chez soi.
Les ostéopathes savent à quel point des restrictions de mobilité de nos organes, de nos articulations, de nos muscles, ligaments et tendons peuvent affecter l’équilibre naturel du corps et donc affecter notre Santé.
Laissons à nos confrères ostéopathes le travail de la mobilité notamment, les naturopathes ne sont pas formés à cela. Nous pouvons agir toutefois sur le renforcement et l’assouplissement des muscles et tendons. Pour cela, je prône l’entraînement avec poids du corps, élastiques et haltères : la culture physique, terme employé par Edmond Desbonnet père autoproclamé de cette pratique (en photographie ci-contre).
Travailler ses abdominaux, faire des squats au poids du corps ou faire des pompes chez soi sont des exemples de ce que propose la culture physique.
La culture physique bien menée est adaptable de l’enfant au vieillard et permet le développement et le maintien d’un physique harmonieux, fort et souple tout en favorisant l’activité émonctorielle.
Mais, comme dans toute chose, l’excès est nuisible. Edmond Desbonnet disait d’ailleurs : « un peu d’exercice physique vivifie et éclaircie les idées, trop d’exercice alourdit le cerveau : l’excès en tout est un défaut ».
Je parlerai bien plus en détails de la culture physique dans de prochains articles.
De son côté, le sport, aussi passionnant qu’il puisse être et bien qu’il ne soit évidemment pas à condamner ou à éviter, tend à favoriser les déséquilibres entre les différents muscles de notre corps. Déséquilibres aggravés par nos mauvaises postures quotidiennes. Vous retrouverez plus d’informations dans l’article « le sport est-il toujours bénéfique pour la santé? »
Certains traits de personnalité peuvent accroître ce phénomène ; exemple de la personne que l’on dit renfermée sur elle-même et qui l’est souvent également d’un point de vue postural avec un enroulement des épaules et une courbure vertébrale exagérée en cyphose.
Il vaut bien évidemment mieux faire du sport que rester inactif toute la journée.
Mon propos dans cet article n’est pas de discréditer le sport mais de mettre en avant le fait qu’il n’est pas, à mes yeux, un outil de santé tel que l’est la culture physique.
Le sport est une activité de loisir ou éventuellement professionnelle pour les sportifs de haut niveau. Il n’a pas pour vocation ou but principal, le développement et l’amélioration de la santé.
Je le répète, la culture physique n’est pas un sport mais un outil de santé qui devrait selon moi et selon bon nombre de spécialistes être considérée comme faisant partie intégrante de notre hygiène de vie. Elle fait partie intégrante d’un programme d’activité physique adaptée que l’on propose aux publics spécifiques (personnes handicapés, personnes âgés, personne atteintes de maladie chronique etc).
Desbonnet disait à ce propos : « avant de nous livrer à la pratique d’un sport en particulier, nous devrions mettre notre corps en état d’harmonie parfaite…quel sera cet entraînement, cette culture préparatoire ? il n’est pas douteux qu’il ne réside dans la pratique des poids et haltères. Là, tous les muscles sont atteints : pas un qui ne soit contraint de travailler, de se fortifier… »
La théorie holistique stipule que l’être humain possède une dimension biologique, sociologique, familiale, psycho-émotionnelle, spirituelle et culturelle qui sont bien évidemment indissociables les unes des autres.
En naturopathie nous savons par exemple que l’état de l’organe peau est lié à celui de notre foie. Qu’une suralimentation, notamment trop riche en produits laitiers, va impacter bien sûr notre foie, nos intestins mais aussi notre peau et nos poumons en favorisant la production de mucosités à l’origine de mucus. Il n’est pas rare en effet de se retrouver avec une toux grasse ou simplement un excès de mucus au fond de la gorge les jours qui suivent une grosse période de pléthore alimentaire.
Dans le même sens, nos muscles ne sont pas des organes indépendants les uns des autres ayant des actions localisées uniquement sur les segments osseux sur lesquels ils se rattachent. Au contraire, ils sont reliés entre eux au travers de chaînes musculaires via leurs fascias.
Le concept de chaîne musculaire a été mis au point par Françoise Mézières, kinésithérapeute française (1909-1991).
Pour le fascia research group composé de plusieurs scientifiques venant d’horizons différents, le fascia est un : « tissu conjonctif omniprésent dans le corps humain. Il forme une matrice qui sert de support à tout l’organisme. Les fascias interpénètrent et entourent tous les organes, les muscles, les os et les fibres nerveuses ».
Adstrum et al, en 2017, ont proposé le terme de « système fascial ». Je trouve ce terme plus parlant, plus proche de la réalité du corps humain tel que je le conçois.
En effet, en médecine et en biologie, nous étudions la biologie au niveau cellulaire, moléculaire, organique, électrochimique etc. Pour autant, l’ensemble de nos cellules communiquent entres elles notamment via un liquide commun qui les relie : le liquide interstitiel.
L’être humain est plus qu’un ensemble d’os, de muscles, de tendons et d’organes qui fonctionneraient indépendamment les uns des autres. Le terme de système fascial plutôt que simplement fascia rend d’avantage compte de cette organisation globale, complexe, systémique.
Vous avez peut-être fait l’expérience d’un choc subit à un endroit du corps qui s’est répercuté ailleurs que sur la zone en question. De même, une douleur de cheville ou de genou va modifier notre démarche et la répercussion se fera dans l’ensemble de notre système musculaire et articulaire. Des douleurs de hanche, de dos, de mâchoire voire des migraines peuvent survenir. Le système fascial permet de comprendre ces interactions.
Représentation de l’interstitium siégeant au cœur d’une coupe de tissu
La qualité des fascias, à l’instar de la totalité de nos cellules, dépend de l’environnement liquidien dans lequel ils se trouvent. En mars 2018, une équipe de chercheurs a présenté dans la revue Scientific Reports le « 80 e organe » ou interstitium.
Pour cette équipe, l’interstitium est un ensemble « d’espaces remplis de fluide lui permettant de protéger les organes et les tissus en amortissant les déformations et les chocs ».
Cet espace « pré-lymphatique » où baigne le liquide interstitiel pourrait jouer un rôle dans la propagation des cellules cancéreuses lors des métastases, dans les œdèmes, les fibroses et dans le fonctionnement mécanique de plusieurs ou de tous les tissus et organes.
Les auteurs émettent également l’hypothèse d’un échange de signaux cellulaires de la lumière intestinale à l’interstitium régulé par le péristaltisme intestinal. Ce phénomène pourrait selon eux influer sur les pathologies inflammatoires du système digestif. Pour ma part, je pense qu’au-delà de l’impact sur la sphère digestive, cela peut affecter l’ensemble de l’organisme. L’espace pré lymphatique sous muqueux ne se limite en effet pas qu’au système digestif.
Pour résumer, rappelons que l’interstitium est un ensemble de cavités remplies de fluide (liquide interstitiel ou extracellulaire) et soutenu par un réseau fibro-élastique riche en collagène, le système fascial. La culture physique associée à de l’ostéopathie ou de la fasciathérapie permet d’acquérir et de conserver un système fascial de qualité permettant de ce fait une libre circulation du liquide interstitiel. De son côté, ce dernier, devra à travers une nutrition et uyne hygiène de vie adaptées, être « dépollué » et enrichi en éléments bénéfiques à la vie cellulaire. Je trouve justifiées les recommandations de l’OMS qui sont de réaliser:
Pour ma part, je conseille en plus de l’activité cardio-vasculaire, au minimum 3 séances hebdomadaire de culture physique (renforcement musculaire adaptée) pour les personnes ayant un emploi sédentaire de type bureau ou conducteur. Pour les emplois très physiques, 1 à 2 séances hebdomadaires seront suffisantes. Je tiens à préciser qu’une séance de culture physique peut durer seulement 20 minutes et être néanmoins efficace. J’en parlerai dans un prochain article. Philippe France |
Bibliographie :
Conway. The management of partial thickness rotator cuff tears in throwers. Operative Techniques in Sports Medicine, 2002. 10(2):75–85
Braun, D. Kokmeyer et P. Millet: Shoulder injuries in the throwing athlete. The Journal of Bone and Joint Surgery, 2009. 91(4) :966–978,
Hak PT, Hodzovic E and Hickey B. The nature and prevalence of injury during CrossFit training.J Strength Cond Res In Press, 2013.
Weineck J. Manuel d’entraînement. Editions Vigot, 4ème édition, 1996, 577 p.
Benias PC et al. Author Correction: Structure and Distribution of an Unrecognized Interstitium in Human Tissues. Sci Rep. 2018 May. 10;8(1):7610