Le sport est-il toujours bénéfique pour la santé?    

     Dans l’article « naturopathie et activité physique », j’avais expliqué que selon moi, la culture physique était et devait être un outil de santé. Que le sport restait pour la plupart d’entre nous, qui ne sommes pas professionnels, une activité ludique que l’on choisit et qui favorise le lien social et communautaire bénéfiques à notre vie. Le sport de loisir reste également bénéfique pour la santé. Pour autant comme souvent, l’excès est l’ennemi du bien. Dans cet article je vais vous présenter la notion de déséquilibre des chaînes musculaires et le rôle que peuvent jouer les activités physiques et sportives excessives dans leur aggravation ou maintien. Je ne rentrerai bien sûr pas dans des détails trop techniques que les kinésithérapeutes et ostéopathes seraient plus à même de traiter.

Voici les liens pour vous rendre directement au chapitre qui vous intéresse:

  1. Concept de chaîne musculaire
  2. Déséquilibres musculaires, blessures et activités sportives
  3. Activité physique et sport
  4. En bref
  • Concept de chaînes musculaires

La chaîne musculaire a été définit la première fois par Françoise Mézières, kinésithérapeute française : « Une chaîne musculaire est un ensemble de muscles de même direction et dont les insertions se recouvrent les unes sur les autres comme les tuiles sur un toit. »
Ces différents groupes musculaires, interreliés et se contractant de façon synergiste pour permettre un mouvement, détermineraient la forme du corps.

Godelieve Struyf Denys, artiste peintre puis kinésithérapeute et ostéopathe dans les années 60, a présenté 6 chaînes ou familles de muscle en relation avec le comportement psychologique de l’individu. Ses travaux ont été inspiré par ceux de Mézières notamment. Ci-dessous, les différentes chaines musculaires selon cette kinésithérapeute.

De son côté, Leopold Busquet kinésithérapeute et ostéopathe également, a présenté 7 chaînes musculaires regroupées en 2 types (dynamique musculaire et statique conjonctive) en mettant en avant la relation entre structure musculosquelettique et viscérale.
Vous retrouverez de belles animations 3D montrant les chaînes musculaires suivantes en cliquant ici.

Chaînes musculaires dynamiques

J’ai choisi de ne pas donner de précisions quant aux noms des muscles des chaînes musculaires selon L.Busquet. Mon but n’est pas de donner un cours d’anatomie musculaire mais plutôt de vous donner une représentation relativement simple des différentes chaînes.

1 – Les chaînes musculaires de flexion (muscles pectoraux, muscles de l’abdomen, muscles antérieur des bras et avant-bras, muscles postérieur des cuisses)

2 – Les chaînes musculaires d’extension (muscles longeant la colonne vertébrale, muscle postérieurs des bras et avant-bras, muscles profond des fesses, muscles antérieurs des cuisses)

3 – Les chaînes musculaires croisées d’ouverture ( muscles du dos, des fesses, muscles antérieurs et externes des cuisses, partie interne des muscles des mollets…)

4 – Les chaînes musculaires croisée de fermeture (muscles pectoraux, muscle trapèze, muscle de  l’abdomen, muscles antérieurs et internes des cuisses, partie externe des muscles des mollets…)

Chaînes statiques conjonctives

5 – La chaîne statique musculo-squelettique (membranes externes de muscles, ligaments, gaines conjonctives)

6 – La chaîne statique neurovasculaire (réseau nerveux et vasculaire)

7 – La chaîne statique viscérale (ensemble des différents organes internes de l’organisme excepté l’encéphale qui appartient à la chaîne neurovasculaire)

Les chaînes de flexion et d’extension permettent l’équilibre du corps dans le plan sagittal (avant /arrière)

Les chaînes croisées permettent l’équilibre dans le plan frontal (droite / gauche)

La chaine statique musculo-squelettique donne des points fixes relatifs qui permettent l’équilibre des chaînes musculaires dynamiques dans les 3 plans de l’espace.

  • Déséquilibres musculaires, blessures et activité sportive

La pratique d’un sport induit la répétition de mouvements spécifiques requérant nécessairement l’action majoritaire de certaines chaînes musculaires au dépend des autres. De plus, certains gestes techniques nécessitent la réalisation de mouvement antiphysiologique. Ces gestes présentent une amplitude de mouvement souvent excessive et stressante pour les complexes musculotendineux et articulaires concernés.

Le tennis, par exemple, fait intervenir majoritairement les chaînes croisées d’ouverture et de fermeture selon l’approche de Busquet. Une étude réalisée en 2002 a montré que les enchaînements rotation interne / rotation externe de l’épaule, nécessaires à la réalisation des diverses techniques au tennis, développent de fortes contraintes sur le tendon du biceps, qui suite à leurs répétitions conduiraient au déchirement du labrum (petit bourrelet fibreux entourant l’articulation et favorisant sa stabilité) et à son détachement.

De même les blessures de la coiffe des rotateurs (ensemble de 4 tendons coiffant la tête de l’humérus) sont fréquentes chez les pratiquants intensifs de tennis et peuvent être causées par un conflit sous-acromial qui résulte de leur compression entre l’arche coraco-acromiale et la tête humérale (Braun et al., 2009).

Ces déséquilibres musculaires induisent souvent de mauvaises postures et /ou des sollicitations tendino-musculaires supérieures aux capacités réelles du membre concerné. Le risque de déchirure, tendinite, entorse, luxation et autres blessures est ainsi augmenté.

Le sport réalisé en excès, sans échauffement préalable ou durant de très longues années peut potentiellement développer, outre des déséquilibres musculaires importants,  un terrain arthrosique. La mauvaise orientation des segments osseux (genoux en X, avant bras orientés vers l’extérieur etc) et l’hyperlaxité articulaire aggravent ce risque.

Prenons le cas du football. Ce sport nécessite majoritairement un travail important des membres inférieurs. Les blessures les plus fréquentes sont les entorses du ligament croisé du genou, ou des entorses de l’articulation de la cheville ou encore des lésions/ usures du ménisque du genou.

La course à pied demande également un travail important des membres inférieurs et est souvent à l’origine de tendinite ou douleur du genou ou de la cheville. Ces troubles sont dus aux chocs répétés des pieds tapant le sol lorsque la pratique est intensive, mais peuvent aussi être provoqués suite à la surcharge de travail de la chaîne musculaire de flexion et d’extension des membres inférieurs.

Le volleyball fait travailler de nombreux muscles du corps mais pour autant le dos est très peu sollicité durant sa pratique. Les risques de blessures de l’épaule, d’entorses de doigts, de la main voire du genou ou de la cheville sont importants lorsque qu’il est pratiqué à haut niveau ou sans préparation.

Ces quelques exemples d’activité sportive que je considère comme déséquilibrantes voire risquées pour les articulations et les structures tendinomusculaires, ne le sont qu’à haut niveau ou dans certaines circonstances.

– La compétition à outrance durant de longues années;

– le  manque d’échauffement;

– le déficit de repos musculaire mais aussi nerveux;

– la mauvaise exécution technique;

– une alimentation inadaptée sont des éléments favorisant l’aspect néfaste du sport .

 

En dehors de ces situations, le sport reste bénéfique pour la santé et devrait être pratiqué par le plus grand nombre.

Le sport de loisir ou les compétitions occasionnelles ne sont évidemment pas à proscrire, bien au contraire.

En tant que thérapeute,  je ne conseillerai jamais à quiconque d’arrêter la pratique de son sport, mais je l’emmènerai à réfléchir sur ces objectifs, ses motivations à pratiquer et les risques éventuels selon ses problématiques de santé.  En parallèle, je lui conseillerai la pratique régulière de la culture physique et de l’entraînement cardio-vasculaire adapté à sa situation.

  • Activité physique et sport

Pour autant, l’activité physique (ici la culture physique) et sportive présentent de nombreux avantages en commun :

  • Limiter la sédentarité, cause de nombreux fléaux de Santé,
  • Améliorer la coordination musculaire et les autres paramètres tendino-musculaires,
  • Renforcer le système ostéo-articulaire (uniquement sport avec contraintes mécaniques sur l’os : athlétisme, corde à sauter, sport de balles, danse etc)
  • Augmenter le métabolisme de base et donc limiter potentiellement le risque de surpoids.
  • Réduire le risque de maladies cardiovasculaires, de troubles glycémiques et lipidiques (cholestérol et triglycérides), d’ostéoporose et la survenue de certains cancers (côlon, sein et endomètre)
  • Favoriser la circulation et le fonctionnement sanguin, lymphatique et hormonal.
  • Favoriser la détente musculaire et nerveuse et donc une diminution du stress et des tensions accumulées. Edmond Desbonnet disait d’ailleurs : « le muscle est le contrepoids du nerf »
  • Masser les viscères (foie et vésicule biliaire notamment) par le diaphragme qui monte descend lors de la respiration.
  • Permettre une bonne motilité intestinale, ce qui favorise un transit efficace et régulier.
  • Stimuler l’élimination émonctorielle (transpiration, motilité intestinale, respiration, massage diaphragmatique à chaque inspiration, augmentation du débit rénal…).

Le tableau ci-dessous mentionne les principaux avantages et inconvénients spécifiques de ces deux activités

Tableau présentant les différences entre culture physique et sport

Je suis sportif depuis mon plus jeune âge et j’adore toujours autant pratiquer tout type de sport. Toutefois, bien que la pratique sportive modérée reste bénéfique pour la santé, je ne la considère pas  comme un outil de santé à proprement parlé, mais comme une activité ludique qui peut parfois devenir une profession.
Elle est un formidable outil de lien social notamment lorsqu’elle se pratique en équipe. Cela reste une activité plaisir pratiqué sans objectif principal de santé.

Dans l’activité sportive, le corps est Objet et permet d’atteindre un objectif quel que soit l’impact sur la santé globale.

  • En bref

Dans cet article, nous avons vu que le sport, surtout compétitif ou excessif entraînait non seulement des risques de blessures, mais aussi des déséquilibres musculaires à moyen et à long terme avec des conséquences sur la forme, la qualité et l’état de nos fascias.

Ces altérations du système facial et les déséquilibres de nos chaines musculaires affectent non seulement notre posture, le fonctionnement de nos muscles mais aussi notre milieu intérieur, ce qui pourraient favoriser la survenue de troubles de santé.

Dans un prochain article, je présenterai les déséquilibres musculaires qui peuvent survenir lors de la réalisation d’une culture physique mal menée. Cliquez ici pour vous rendre sur l’article en question.

Philippe France

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