Detox apres les fetes oui mais…

     Les fêtes de fin d’année sont souvent l’occasion de se retrouver autour d’une bonne table. On mange généralement de bon cœur et les excès sont fréquents. Raclette ou tartiflette party, bûche de Noël, galette des rois, alcools forts etc.

Les occasions ne manquent pas pour se faire plaisir en cette période de l’année. Les laboratoires de complément alimentaire ou autre préparation de plante le savent et proposent généralement des promotions sur les produits estampillés « detox ».
Dans les magazines ou sur internet pullulent également des régimes censés détoxifier l’organisme après les fêtes.

  • Soutenons notre foie

La détoxication hépatique est un processus physiologique normal que notre foie réalise régulièrement afin d’éliminer les toxines indésirables. Les plantes et produits détoxifiants ne font que stimuler le foie afin qu’il augmente ses propres capacités d’épuration.

Cet organe ne stocke donc, théoriquement, pas de toxines. Il ne fait que les traiter puis les éliminer. Certes, il n’est pas censé stocker de toxines, toutefois ses capacités d’épuration ne sont pas infinies, il lui arrive d’être dépassé.

  • Une alimentation inadaptée ou excessive;
  • l’environnement pollué;
  • les souffrances psycho-émotionnelles non résolues;
  • le stress chronique;
  • les déséquilibres de fascias.

Tous ces facteurs pouvant surcharger le foie en toxine voire ralentir la microcirculation hépatique et donc limiter son travail d’épuration.

Les médecins et chercheurs ne sont pas unanimes sur l’intérêt des cures détox chères aux naturopathes. Pour eux, le foie n’a pas besoin d’être détoxifié car il gère lui même les toxines de l’organisme. Il n’en reste pas moins, qu’en pratique, un individu qui possède un foie surchargé présente un ensemble de manifestations physiques, et parfois psychologiques, qui s’amenuisent voire disparaissent après ces cures censées être inutiles et inefficaces.

J’aurais tendance à dire que les personnes possédant une hygiène de vie exceptionnelle et vivant dans un environnement non pollué pourraient se passer de détox saisonnière. Malheureusement,  je pense que de nos jours, peu de monde rentre dans ces critères là.Je traiterais dans un article plus important des différentes phases de la détoxication hépatique.

Dans ce petit billet, je veux juste vous présenter une problématique intestinale fréquente qui pourrait altérer le bon déroulement d’une cure de detoxication hépatique.

  • Contre indication méconnue : l’hyperperméabilité intestinale

     Il faut bien comprendre que lorsque l’on stimule les capacités épuratives du foie, celui-ci va traiter puis éliminer un plus grand nombre de toxines via les urines ou les selles selon le type de molécules incriminées. Les plantes hépatiques irritent légèrement le foie afin de le pousser à travailler davantage. Ce n’est donc pas un phénomène anodin qu’il faut prendre à la légère. L’organisme doit être prêt à recevoir cette élimination toxinique supplémentaire.

Ainsi, beaucoup connaissent les contre indications classiques:

– pas de pathologies hépatiques diagnostiquées;
– pas de pathologies chroniques sérieuses associées à d’éventuelles carences nutritionnelles;
– pas d’allergie ou d’hypersensibilité à certains principes actifs présent dans les plantes associées à la cure;
– pas de détox chez les femmes enceintes, les nourrissons, jeunes enfants et les polymédicamentés;
– attention au choix de plantes utilisées ( à choisir selon son tempérament et sa force vitale)

En revanche, peu de personnes évoquent les risques de réaliser une cure detox lorsque l’on possède une hyper-perméabilité intestinale.

Le leak gut syndrome pour les anglo-saxons se développe lorsque les cellules épithéliales de l’intestin perdent leur imperméabilité sélective. Une cinquantaine de protéines spécifiques s’associent entre les cellules intestinales et forment ce que l’on appelle des « jonctions serrées ». Ces jonctions intercellulaires se positionnent vers le haut des cellules intestinales (pôle apical) et ont pour rôle de filtrer activement les molécules qui doivent ou non se rendre dans la circulation sanguine (absorption paracellulaire).

Les jonctions intercellulaires de l’intestin

D’autres types de jonctions assurent que les cellules restent « collées » les unes aux autres (desmosome) et qu’elles puissent communiquer entres elles (jonctions communicantes nexus).

De nombreux facteurs peuvent altérer la localisation, la structure ou la fonction des protéines formant les jonctions serrées:

  • l’inflammation et les médiateurs de l’inflammation (1);
  • le stress (2) ;
  • les pathogènes (E.coli notamment) (3) ;
  • le syndrome de l’intestin irritable (4) ;
  • les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (5) ;
  • les maladies métaboliques (obésité, diabète de type 2…) (6) ;
  • les allergies (7) ;
  • les maladies auto-immunes (maladie coeliaque, diabète de type 1…) (8);
  • l’excès d’activité physique (phénomène d’ischémie reperfusion) (9) ;
  • certaines pathologies psychiatriques et neurovégétatives (10);
  • la consommation régulière de certains médicaments
  • la consommation excessive d’alcools, gluten, aliments ultra transformés, métaux lourds…

Une fois encore, je ne suis pas docteur en médecine et donc le passage chez le médecin reste indispensable pour diagnostiquer une des pathologies citées ci-dessus. De même, un diagnostic médical devra être effectuer afin de déceler ou non la présence d’une hyperperméabilité intestinale. Il existe un test au lactitol et mannitol qui permettrait de déceler une porosité intestinale excessive. Demandez conseil à votre médecin pour de plus amples renseignements.

Vous l’avez compris, l’hyperperméabilité intestinale est fréquente chez de nombreux individus et notamment ceux possédant une hygiène de vie incorrecte voire passable. De même les personnes qui possèdent une dysbiose intestinale ont plus de risque de déclencher une hyperperméabilité. Les dysbioses étant fréquentes chez les individus nés de césarienne et n’ayant pas été allaités au sein. La cure de détoxication pousse le foie à éliminer une partie des toxines par les selles. Bien qu’il n’y ait pas eu encore d’études scientifiques pour le prouver, il me semble logique d’affirmer que les toxines ainsi libérées et éliminées via les selles pourront traverser facilement la paroi intestinale et donc se répandre dans la circulation sanguine générale.

En  voulant faire du bien à l’organisme, on pourrait aggraver les choses…

Ainsi, il est plus judicieux à mes yeux d’adopter une hygiène de vie adaptée tout au long de l’année afin de se prémunir ou de corriger une éventuelle porosité intestinale excessive, et de ne réserver les « cures détox » que lorsque cela est vraiment nécessaire.  Malheureusement, de nombreuses personnes possèdent une hygiène de vie inadaptée, associée éventuellement à une hyperperméabilité intestinale jamais diagnostiquée. Ces personnes estiment bien faire en réalisant des cures détox saisonnières ou post-fêtes. Pourtant, au lieu de favoriser une bonne élimination toxinique, ces cures risquent, au contraire, de propager les toxines à travers une barrière intestinale devenue poreuse.

Bibliographie

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