L’auriculothérapie : une alliée de taille pour la naturopathie
Dans cet article, après vous avoir rapidement présenté l’origine de l’auriculothérapie et son principe de fonctionnement, j’aborderai les forces et faiblesses de cette méthode.
I L’auriculothérapie dans l’histoire
Contrairement à ce que l’on pourrait penser et trouver sur internet, ce n’est pas la médecine chinoise qui est à l’origine de l’auriculothérapie mais une fois encore probablement ce cher Hippocrate. Il fut en effet l’un des premiers à pratiquer la cautérisation et l’incision de point d’oreille pour traiter diverses pathologies.
Plus tard, ce fut Albucasis (936-1013 ap. J.-C) en Espagne Musulmane ou encore Ambroise Paré (1510-1590) qui pratiquèrent la cautérisation du pavillon auriculaire. En réalité, comme le reporte le docteur et auriculothérapeute Yves Rouxeville dans son rapport « l’oreille dans l’histoire, les mythes et les traditions », de très nombreux praticiens ont réalisé diverses cautérisations au fil du temps. Les indications sont en effet très nombreuses. En voici quelques-unes répertoriées par Yves Rouxeville et le Dr Nogier :
– hémostase ;
– nettoyage des plaies ;
– traitement des abcès ;
– hémorroïdes ;
– dysménorrhées ;
– maladies de la rate ;
– traitement de toutes les douleurs.
1850, en Corse, un certain docteur Luciana relatait dans Journal des Connaissances médico-chirurgicales, que les maréchaux ferrants de Corse avaient pour habitude de cautériser certaines parties du pavillon d’oreille dans le but de guérir les sciatiques. Interloqué par cette affirmation, le professeur chirurgien français Joseph François Malgaigne (1806-1865) pratiqua par la suite lui aussi et avec succès la cautérisation auriculaire au sein de l’hôpital Saint Louis à Paris.
Pour finir avec ce petit historique de l’auriculothérapie, je dois quand même parler du docteur Paul Nogier (1908-1996) à qui l’on attribue la découverte et le développement de l’auriculothérapie telle qu’elle est pratiquée de nos jours.
Paul Nogier, ingénieur, médecin homéopathe et acupuncteur de Lyon s’intéressa à partir de 1951 à la marque de cautérisation du pavillon d’oreille que présentaient beaucoup de ses patients. Leur point commun? Ils avaient tous eu une sciatique traitée par cautérisation par une guérisseuse de Marseille, une certaine madame Barrin.
NDLR : Plusieurs clients du magasin l’Eau Vive dans lequel je travaille m’ont également rapporté le fait qu’ils avaient été soignés de leur sciatique par « une dame qui brûlait l’oreille à Marseille ».
Fort de ce constat, le docteur Nogier entreprit de pratiquer lui aussi la cautérisation du point que l’on nomme désormais « le point Barrin ». Il émit l’hypothèse que ce point correspondait à la région lombo-sacré (vertèbres L5-S1) d’où émerge le nerf sciatique. A partir de là, il testa divers points douloureux de l’oreille et pu au bout de quelques années mettre au point une première cartographie.
Plus tard, en 1963, le docteur Jean Niboyet de Marseille exposa sa thèse « La moindre résistance à l’électricité de surfaces punctiformes et de trajets cutanés concordants avec les points et méridiens base de l’acupuncture ». Ce dernier découvrit que la peau présentait une résistance électrique plus faible au niveau des points d’acupuncture chinoise.
Le docteur Paul Nogier essaya donc d’évaluer la résistance électrique des points de l’oreille. Il pu dès lors détecter la localisation précise des organes qui ne se détectaient pas par la douleur d’un point d’oreille. Une seconde cartographie était née.
En conclusion, le docteur Paul Nogier découvrit l’existence de deux types de points auriculaires :
– les points douloureux qui reflètent une douleur périphérique du corps ;
– les points de moindre résistance électrique qui reflètent l’état de fonctionnement des organes du corps.
II Principe de fonctionnement
Nous venons de le voir, il existe deux types principaux de points en auriculothérapie.
– Les points qui sont sensibles à la pression et que l’on nomme points réflexes car ils font intervenir une voie nerveuse spécifique au toucher notamment douloureux.
Sans rentrer dans les détails de neuroanatomie, retenez qu’une stimulation douloureuse d’une zone périphérique du corps se transmet via de grosses fibres nerveuses de la moelle épinière jusqu’au cerveau (formation réticulée) et au pavillon de l’oreille.
– les points qui se détectent par mesure de la résistance électrique via un appareil approprié. Ces points possèdent une activité électrique et interviendraient dans la thermorégulation du corps. Normalement c’est l’hypothalamus au niveau cérébral qui gère la thermorégulation de l’organisme de façon globale. Les points d’oreille neurovasculaires reflètent l’activité thermique des divers organes du corps, étage vertébral par étage vertébral (nous parlons de métamère). En clair, quand un organe fonctionne moins bien, le point qui lui correspond au niveau auriculaire devient plus actif et détectable par un matériel approprié.
III Déroulement d’une séance d’auriculothérapie
- Tout d’abord, je prends connaissance de la demande de mon client et établis une anamnèse synthétique afin de mieux cerner son histoire de vie et les causes qui ont mené à la problématique pour lesquelles il vient me voir. Je reste naturopathe avant toute chose.
- Puis vient le moment de la pratique proprement dite.
Après avoir écarté les principaux obstacles qui ne donneraient pas de résultats durables, je cherche et traite sur l’oreille les points de moindre résistance électrique avec un appareil approprié et ensuite seulement les points douloureux avec mon palpeur à pression.
- Enfin, je traite les points douloureux par massage ou avec une graine de vaccaria que le client devra masser plusieurs fois dans la journée ou lorsque la douleur resurgira.
IV Quid de la fréquence des séances ?
Selon le Dr.Nogier, la fréquence des séances varie selon la problématique et les spécificités propres à l’individu.
De manière générale :
Pour les troubles aigus -> 1-2 séances par semaine pendant 15 jours soit 2 à 4 séances rapprochées
Pour les troubles chroniques ou anciens -> 1 séance par mois ou tous les 2 mois jusqu’à évolution favorable et durable
V Forces et faiblesses
Très efficace pour soulager de nombreux maux et notamment les douleurs, l’auriculothérapie est pratiquée avec beaucoup de succès par de nombreux médecins et thérapeutes. La recherche dans ce domaine reste toujours active grâce notamment aux divers praticiens formés à l’école du Groupe Lyonnais d’Etudes Médicales de Lyon. Lieu dans lequel je me suis formé et me forme actuellement et que dirige le Dr.Nogier.
En ce qui concerne les limites de la pratique, elles sont pour moi liées au fait que l’auriculothérapie est un outil allopathique, autrement dit 1 symptôme, 1 maux = 1 traitement (protocole).
Pratiquer l’auriculothérapie pour soulager une sciatique par exemple, reste très efficace mais ne résout pas réellement le problème à son origine. Seul le message douloureux est stoppé.
Toutefois, cette limite peut devenir une force lorsqu’elle est utilisée à bon escient, c’est-à-dire intégrer dans une approche globale telle que propose la naturopathie que j’affectionne.
Pour reprendre l’exemple de la sciatique, après avoir traité les points auriculaires correspondant à une douleur sciatique chez mon client, et de ce fait améliorer sa qualité de vie, je lui apporte des conseils d’hygiène de vie adaptée (nutrition, exercices physiques, phytothérapie…) et l’envoie chez un ostéopathe qui pourra agir sur le fond du problème. Lui-même pourra renvoyer son client vers le médecin s’il estime que cela est nécessaire. La sciatique ayant souvent diverses causes telles qu’une pathologie inflammatoire du rachis, une hernie discale, une scoliose, de l’arthrose, une infection ainsi qu’un organisme acidifié et intoxiné, le diagnostic du médecin, l’avis et manipulation de l’ostéopathe et les conseils du naturopathe sont selon moi très complémentaires.
Plusieurs causes, plusieurs approches à combiner pour lutter contre la sciatique. L’auriculothérapie est spécialisée dans le traitement de la douleur qu’elle provoque.
Pour résumer, j’associe cette méthode à la naturopathie afin d’obtenir de meilleurs résultats, et je délègue si besoin à d’autres professionnels de santé et thérapeutes afin que le client obtienne le meilleur résultat possible. Pour finir, il est à noter une fois encore qu’un avis et diagnostic médical sont vivement recommandés avant de venir me voir en auriculothérapie.
Bibliographie :
Yves Rouxeville. L’oreille dans l’histoire, les mythes et les traditions http://eknygos.lsmuni.lt/springer/537/39-54.pdf. p39.54